mardi 18 juillet 2023

Mot de bienvenue et de remerciement

 

IIème Colloque international de Libreville-juin 2023

Colonialités et postcolonialités en Afrique, en Amérique et dans les Caraibes : Enjeux théoriques et constructions identitaires

Hommage à Gisèle AVOME MBA

MOT DE BIENVENUE ET DE REMERCIEMENTS

Par ELISABETH OYANE MEGNIER

MAITRE DE CONFERENCES (CAMES)/ HDR (France)

Groupe d'Etudes et de Recherches sur les Sociétés et cultures en Afrique, en Amérique et dans Les Caraïbes

Université Omar Bongo de Libreville- Gabon.

 GERSCAC

 

Chers conférenciers et chères conférencières, chers amis.

C’est avec beaucoup de plaisir que je vous souhaite la bienvenue à Libreville pour le colloque international Colonialité(s) et postcolonialité(s) en Afrique, en Amérique latine et dans La Caraïbe : enjeux théorique et constructions identitaires, ou nous sommes accueillis par l’Université Omar Bongo, la première Université du Gabon, par le Département d’Etudes Ibériques et Latinoaméricaines et par le Centre de Recherches Afrohispaniques.

La recherche scientifique constitue l’un des axes de développement de toute Université moderne. Cette dernière doit également mettre à disposition des chercheurs des espaces de publication et de discussion avec leurs pairs.

Qu’est ce qui justifie la pensée puis la tenue d’un colloque sur Colonialité(s) et postcolonialité(s) en Afrique, en Amérique latine et dans La Caraïbe : enjeux théorique et constructions identitaires ?

L’idée est partie de la volonté de rendre Hommage à une enseignante, à une chercheure, à l’œuvre de cette dernière et à son héritage, dans une Université africaine qui se questionne de plus en plus sur la contribution africaine à la production des savoirs mondiaux. A cette idée et pour justifier ce colloque, nous rappelons ce commentaire de Bonaventure Mvé Ondo, philosophe Gabonais :

« L’Afrique, n’a pas cherché à acquérir les moyens intellectuels qui lui auraient permis de refaire le chemin du conceptuel au pratique et de découvrir par elle-même les logiques de la démarche scientifique moderne. Elle n’a pas non plus su identifier les blocages de tous ordres, et d’abord culturel, qui ont inhibé le déploiement dans son contexte d’un savoir dont l’efficacité est aujourd’hui largement tributaire d’une approche essentiellement matérialiste» (B.Mvé Ondo, 2005 : p.14 ; Afrique : la fracture scientifique, Paris, Futuribles). La question sous entendue dans la longue citation de Bonaventure MVE ONDO peut être la suivante :  quels moyens conceptuels et quelles pratiques pour se saisir des réalités africaines ? Quelques considérations sur les sources théoriques du parcours scientifique de Gisèle AVOME MBA peuvent nous aider à y répondre. De l’enseignement à la recherche, ou encore du duplicata de l’Europe à la recherche d’un modèle proprement lié aux réalités du milieu dans lequel elle évolue, Gisèle AVOME MBA établit avec courage  le lien entre les études culturelles et la littérature. C’est aussi répondre en partie à la question posée par Leonora MIANO, femme de Lettres et franco camerounaise : Voulons- nous en Afrique aujourd’hui continuer à n’être qu’une espèce de duplicata de l’Europe, ou pouvons-nous avoir le courage d’inventer un autre modèle, nos modèles à nous ? Il va sans dire que pour inventer nos modèles à nous, nous partons et partirons de ceux qui existent, c’est-à-dire tenir compte de l’épistémique occidental ou tout autre fait considéré comme patrimoine universel, tel que le déclare Nanourougo COULIBALY,  enseignant-chercheur(Université Félix Houphouët-Boigny-Abidjan).

La postcolonialité n’indique pas l’après de l’indépendance nationale, mais veut interroger la problématique anti-coloniale telle qu’elle a été formulée dans les années 1960. Elle interroge donc toutes les formes d’exclusion produites par la situation coloniale et le moment national, qui ne sont pas conçus comme des moments clos sur des territoires aux frontières rigides, mais comme des lieux et des temporalités en interaction avec d’autres lieux et d’autres temporalités. La postcolonialité analyse les nouvelles formes de brutalité et de violence à l’œuvre dans la nouvelle étape de globalisation et propose des pratiques de solidarité avec les groupes et les peuples soumis à ces violences. La postcolonialité ou études postcoloniales cherchent à comprendre comment, dans des moments de transition brutale et accélérée, les individus développent des formes de recours et de solidarité afin de garder un tant soit peu l’idée d’une maitrise sur le monde qui les entoure (Aimé Césaire, Nègre je suis, nègre je resterai, 2005).

Le mouvement des études postcoloniales apparait dans les années 1980, d’abord dans les universités américaines avant de se diffuser un peu partout dans le monde après avoir constaté dans des pays anciennement colonisés par l’Europe que les indépendances n’ouvrent pas à la mise en place des peuples à disposer d’eux-mêmes. Les études postcoloniales qui tentent de traiter les problématiques en lien avec la question coloniale (Bill Ashcroft, 1995) s’inspirent des intellectuels liés aux mouvements de la décolonisation, en tête desquels Frantz Fanon, et se sont fixés comme objectif de dévoiler les liens sciences et pouvoir colonial. Edward Said en est un des précurseurs.

Gisèle AVOME MBA, native et exerçant dans un pays qui a connu la colonisation et qui peine à en sortir, va s’approprier la notion de postcolonialité comme outil d’analyse des rapports sociaux dans cette période dite de postcolonie qui indique tout de même le moment d’après les indépendances africaines

Le colloque, en hommage à Gisèle AVOME MBA, veut interroger les apports éventuels des études postcoloniales, de la colonialité et/ou de la postcolonialité dans la critique, l’analyse et la résolution des phénomènes sociaux par des universitaires et des acteurs sociaux dans la continuité des études anti impérialiste et décoloniale, et pour une meilleure prise en compte du vivre ensemble tant prôné par les institutions internationales.

En effet, L’Afrique postcoloniale doit impérativement expérimenter ses paradigmes pratiques, ce que Rorty appelle, « les pratiques de justification»

d’une communauté à partir de ses traditions et de ses cultures. Cette

expérimentation doit se comprendre comme expérimentation de l’Afrique par elle-même dans un contexte mondialisé. L’Afrique postcoloniale ne peut donc affronter son destin qu’en devenant critique, Comment les acteurs de la recherche ajustent-ils les connaissances contemporaines que leur apportent sciences, épistémologies et logiques à la connaissance du monde dans lequel ils

vivent et réfléchissent leur vie ?

Je suis enchantée du grand intérêt porté à ce colloque international. Le nombre des participants montrent la dynamique des acteurs africains dans la recherche des modèles africanisés : modèles qui vont se constituer  dans ce que j’appelle AFROCULTUROLOGIE.

Chers collègues telles sont les problématiques à étudier, à analyser tout au long de ce colloque, j’espère vivement que l’ensemble des interventions facilitera une meilleure compréhension dans la recherche des modèles théoriques et conceptuels propres à l’Afrique.

Ce colloque n’aurait pu être possible sans l’accord de Gisèle AVOME MBA, sans le soutien financier des membres du Centre de recherches afrohispaniques : Dr OKOME Liliane, EDZODZOMO Hubert, ADA ONDO Danielle, EBANE Mexcin, les professeurs NTO AMVANE Théodorine, OVONO EBE Mathurin et OYANE MEGNIER Elisabeth, sans l’implication du département d’Etudes Ibériques et latinoaméricaines, du  COU (Centre des œuvres universitaires) et de la faculté des Lettres et Sciences humaines. Nos sincères remerciements vont à l’endroit de nos collègues venus nombreux de la Cote d’Ivoire et du Bénin. Merci à toutes et à tous de votre présence. Une amicale pensée pour toutes celles et tous ceux qui n’ont pas, pour des raisons diverses, pu prendre part à ce colloque. Notre gratitude s’étend aux étudiants et doctorants pour leur réactivités à nos demandes. Nous remercions enfin les autorités politiques et administratives du pays. Je termine avec cette pensée de Aimé Césaire, poète martiniquais :

«Je parle et je rends l’Afrique à elle-même, je parle et je rends l’Afrique au monde. L’Afrique que je ne connais pas, mais que j’ai en mémoire».

                                                         

                     MERCI DE VOTRE AIMABLE ATTENTION

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