Maitre de Conférence ( cames)/ HDR (France);
Coordonne:
Groupe d'Etudes et de Recherches sur les Sociétés et cultures en Afrique, en Amérique et dans Les Caraïbes
Maitre de Conférence ( cames)/ HDR (France);
Coordonne:
Groupe d'Etudes et de Recherches sur les Sociétés et cultures en Afrique, en Amérique et dans Les Caraïbes
IIème Colloque international de
Libreville-juin 2023
Colonialités et postcolonialités en
Afrique, en Amérique et dans les Caraibes : Enjeux théoriques et
constructions identitaires
Hommage à Gisèle AVOME MBA
MOT DE BIENVENUE ET DE
REMERCIEMENTS
Par ELISABETH OYANE MEGNIER
MAITRE DE CONFERENCES (CAMES)/ HDR
(France)
Groupe d'Etudes et de Recherches
sur les Sociétés et cultures en Afrique, en Amérique et dans Les Caraïbes
Université Omar Bongo de
Libreville- Gabon.
GERSCAC
Chers
conférenciers et chères conférencières, chers amis.
C’est
avec beaucoup de plaisir que je vous souhaite la bienvenue à Libreville pour le colloque international Colonialité(s)
et postcolonialité(s) en Afrique, en Amérique latine et dans La Caraïbe :
enjeux théorique et constructions identitaires, ou nous sommes accueillis
par l’Université Omar Bongo, la première Université du Gabon, par le
Département d’Etudes Ibériques et Latinoaméricaines et par le Centre de Recherches
Afrohispaniques.
La
recherche scientifique constitue l’un des axes de développement de toute
Université moderne. Cette dernière doit également mettre à disposition des
chercheurs des espaces de publication et de discussion avec leurs pairs.
Qu’est
ce qui justifie la pensée puis la tenue d’un colloque sur Colonialité(s) et
postcolonialité(s) en Afrique, en Amérique latine et dans La Caraïbe : enjeux
théorique et constructions identitaires ?
L’idée
est partie de la volonté de rendre Hommage à une enseignante, à une chercheure,
à l’œuvre de cette dernière et à son héritage, dans une Université africaine
qui se questionne de plus en plus sur la contribution africaine à la production
des savoirs mondiaux. A cette idée et pour justifier ce colloque, nous
rappelons ce commentaire de Bonaventure Mvé Ondo, philosophe Gabonais :
«
L’Afrique, n’a pas cherché à acquérir les moyens intellectuels qui lui auraient
permis de refaire le chemin du conceptuel au pratique et de découvrir par
elle-même les logiques de la démarche scientifique moderne. Elle n’a pas non
plus su identifier les blocages de tous ordres, et d’abord culturel, qui ont
inhibé le déploiement dans son contexte d’un savoir dont l’efficacité est
aujourd’hui largement tributaire d’une approche essentiellement matérialiste»
(B.Mvé Ondo, 2005 : p.14 ; Afrique : la fracture scientifique,
Paris, Futuribles). La question sous entendue dans la longue citation de
Bonaventure MVE ONDO peut être la suivante : quels moyens conceptuels et quelles pratiques
pour se saisir des réalités africaines ? Quelques considérations sur les
sources théoriques du parcours scientifique de Gisèle AVOME MBA peuvent nous
aider à y répondre. De l’enseignement à la recherche, ou encore du duplicata de
l’Europe à la recherche d’un modèle proprement lié aux réalités du milieu dans
lequel elle évolue, Gisèle AVOME MBA établit avec courage le lien entre les études culturelles et la
littérature. C’est aussi répondre en partie à la question posée par Leonora
MIANO, femme de Lettres et franco camerounaise : Voulons- nous en Afrique aujourd’hui
continuer à n’être qu’une espèce de duplicata de l’Europe, ou pouvons-nous
avoir le courage d’inventer un autre modèle, nos modèles à nous ? Il va
sans dire que pour inventer nos modèles à nous, nous partons et partirons de
ceux qui existent, c’est-à-dire tenir compte de l’épistémique occidental ou
tout autre fait considéré comme patrimoine universel, tel que le déclare
Nanourougo COULIBALY, enseignant-chercheur(Université
Félix Houphouët-Boigny-Abidjan).
La
postcolonialité n’indique pas l’après de l’indépendance nationale, mais veut
interroger la problématique anti-coloniale telle qu’elle a été formulée dans
les années 1960. Elle interroge donc toutes les formes d’exclusion produites
par la situation coloniale et le moment national, qui ne sont pas conçus comme
des moments clos sur des territoires aux frontières rigides, mais comme des
lieux et des temporalités en interaction avec d’autres lieux et d’autres
temporalités. La postcolonialité analyse les nouvelles formes de brutalité et
de violence à l’œuvre dans la nouvelle étape de globalisation et propose des
pratiques de solidarité avec les groupes et les peuples soumis à ces violences.
La postcolonialité ou études postcoloniales cherchent à comprendre comment,
dans des moments de transition brutale et accélérée, les individus développent
des formes de recours et de solidarité afin de garder un tant soit peu l’idée
d’une maitrise sur le monde qui les entoure (Aimé Césaire, Nègre je suis, nègre
je resterai, 2005).
Le
mouvement des études postcoloniales apparait dans les années 1980, d’abord dans
les universités américaines avant de se diffuser un peu partout dans le monde
après avoir constaté dans des pays anciennement colonisés par l’Europe que les
indépendances n’ouvrent pas à la mise en place des peuples à disposer
d’eux-mêmes. Les études postcoloniales qui tentent de traiter les
problématiques en lien avec la question coloniale (Bill Ashcroft, 1995)
s’inspirent des intellectuels liés aux mouvements de la décolonisation, en tête
desquels Frantz Fanon, et se sont fixés comme objectif de dévoiler les liens
sciences et pouvoir colonial. Edward Said en est un des précurseurs.
Gisèle
AVOME MBA, native et exerçant dans un pays qui a connu la colonisation et qui
peine à en sortir, va s’approprier la notion de postcolonialité comme outil
d’analyse des rapports sociaux dans cette période dite de postcolonie qui
indique tout de même le moment d’après les indépendances africaines
Le
colloque, en hommage à Gisèle AVOME MBA, veut interroger les apports éventuels
des études postcoloniales, de la colonialité et/ou de la postcolonialité dans
la critique, l’analyse et la résolution des phénomènes sociaux par des
universitaires et des acteurs sociaux dans la continuité des études anti impérialiste
et décoloniale, et pour une meilleure prise en compte du vivre ensemble tant
prôné par les institutions internationales.
En
effet, L’Afrique postcoloniale doit impérativement expérimenter ses paradigmes
pratiques, ce que Rorty appelle, « les pratiques de justification»
d’une
communauté à partir de ses traditions et de ses cultures. Cette
expérimentation
doit se comprendre comme expérimentation de l’Afrique par elle-même dans un
contexte mondialisé. L’Afrique postcoloniale ne peut donc affronter son destin
qu’en devenant critique, Comment les acteurs de la recherche ajustent-ils les
connaissances contemporaines que leur apportent sciences, épistémologies et
logiques à la connaissance du monde dans lequel ils
vivent
et réfléchissent leur vie ?
Je
suis enchantée du grand intérêt porté à ce colloque international. Le nombre
des participants montrent la dynamique des acteurs africains dans la recherche
des modèles africanisés : modèles qui vont se constituer dans ce que j’appelle AFROCULTUROLOGIE.
Chers
collègues telles sont les problématiques à étudier, à analyser tout au long de
ce colloque, j’espère vivement que l’ensemble des interventions facilitera une
meilleure compréhension dans la recherche des modèles théoriques et conceptuels
propres à l’Afrique.
Ce
colloque n’aurait pu être possible sans l’accord de Gisèle AVOME MBA, sans
le soutien financier des membres du Centre de recherches afrohispaniques :
Dr OKOME Liliane, EDZODZOMO Hubert, ADA ONDO Danielle, EBANE Mexcin, les
professeurs NTO AMVANE Théodorine, OVONO EBE Mathurin et OYANE MEGNIER
Elisabeth, sans l’implication du département d’Etudes Ibériques et
latinoaméricaines, du COU (Centre des
œuvres universitaires) et de la faculté des Lettres et Sciences humaines. Nos
sincères remerciements vont à l’endroit de nos collègues venus nombreux de la
Cote d’Ivoire et du Bénin. Merci à toutes et à tous de votre présence. Une
amicale pensée pour toutes celles et tous ceux qui n’ont pas, pour des raisons
diverses, pu prendre part à ce colloque. Notre gratitude s’étend aux étudiants
et doctorants pour leur réactivités à nos demandes. Nous remercions enfin les
autorités politiques et administratives du pays. Je termine avec cette pensée
de Aimé Césaire, poète martiniquais :
«Je
parle et je rends l’Afrique à elle-même, je parle et je rends l’Afrique au
monde. L’Afrique que je ne connais pas, mais que j’ai en mémoire».
MERCI DE VOTRE AIMABLE
ATTENTION